Le retour à la vie réelle. C'est un peu de cette manière que la jolie blonde avait vécut la chose... cela faisait déjà plusieurs semaines qu'elle était restée terrée dans la bibliothèque sans en sortir, emmurée derrière un monticule d'ouvrages comme pour lui servir de remparts. Ce n'était pas exactement le désir d'étudier qui l'avait poussée à siéger de la sorte, même si elle prenait toujours du plaisir à découvrir de nouvelles notions dans l'éventail que proposait la littérature du monde magique, plutôt l'envie de rester en retrait, de se dissimuler. Depuis sa retenue, c'était tout ce qu'elle avait trouvé de mieux plutôt que d'aller se mêler aux autres et d'affronter les regards suspicieux. Faire profil bas, s'exiler au milieu des livres et... attendre. Que l'orage passe, disons. Cela faisait déjà un bon nombre de jours qu'elle passait enfermée, incarcérée entre les mots, les phrases, les lignes, les couvertures encore poussiéreuses des manuscrits sortis des rayons, avec pour fond sonore le silence pesant accompagné du bruit des pages qui se tournaient. Et tellement longtemps qu'elle n'avait pas passé du temps en compagnie de ses amis... en cette période plutôt chaotique pour elle, elle prétextait son devoir sur la ronce en botanique pour justifier son exil, aussi elle évitait de rester trop longtemps dans sa salle commune ou dans la grande salle, rejoignant directement la bibliothèque dès que celle-ci était accessible. Elle ne s'était permise qu'un seul après-midi à Pré-au-Lard, et encore, elle avait fini par se perdre dans le dédale de ruelles peu fréquentables du village, et frôlé une crise d'angoisse.

Autant rester sagement au château, et qui plus était ce n'était pas le choix des lectures qui lui faisait défaut... elle avait entamé plusieurs sujets de divination qui avaient attisé sa curiosité, laissant la botanique de côté pour un temps de manière à pouvoir pleinement se centrer sur les éphémérides et les conjonctions entre les astres. Mais elle avait beau trouver ces thèmes saisissants, elle ne regrettait pas moins sa décision de ne plus mettre le nez dehors et sa résignation à se détacher progressivement de son entourage. Néanmoins, comment pouvait-elle aller affronter le dur regard des Serdaigles après leur avoir fait perdre cinquante points? Il était plus raisonnable pour elle de se faire oublier , quitte à se fondre dans l'abondance d'ouvrages. C'était ce qu'elle s'était dit, et depuis plusieurs semaines, elle parvenait bien à garder le rythme, à prétendre être trop occupée avec son devoir de botanique et à alterner son quotidien entre la bibliothèque, les cours, le dortoir, et hélas, sa retenue. Mais peu à peu, l'évidence s'instaurait d'elle-même, ses amis lui manquaient douloureusement. Elle avait beau fuir la réalité, elle n'avait pu y échapper et chaque matin qu'elle passait dans la bibliothèque, c'était avec amertume qu'elle renonçait à passer du temps en leur compagnie. Les premiers temps, elle avait refusé de démordre le temps qu'elle n'aurait pas digéré son incartade, mais en fin de compte, c'était nettement plus difficile que prévu. La dernière fois qu'elle avait vu sa meilleure amie, c'était au bord du lac. Pour ce qui était de James, depuis quand ne s'étaient-ils pas cherchés, s'échangeant mutuellement leurs piques amicales habituelles? Délaissant "Lever le Voile du Futur", elle avait quitté son recoin au fond de la bibliothèque, avec presque l'impression de se trouver au milieu d'une dimension intersidérale tant elle avait perdu l'habitude d'aller et venir dans le château. Puis prenant un escalier, un autre, s'engageant dans un couloir avant de reprendre une nouvelle série de marches, elle s'était retrouvée à l'extérieur du château.

En vérité, elle n’avait pas de courses en particulier à faire dans les environs d’Honeydukes mais après avoir passé plusieurs journées consécutives à ne rien voir d’autre que les rayonnages de la bibliothèque ou le tableau noir ornant les salles de classe, l’idée d’aller s’aventurer du côté des sucreries était plutôt tentante. Qui plus était, c’était l’occasion d’aller prendre un peu de bon temps hors des livres. Au détour d'une rue, quelqu'un la percuta, faisant tomber les différents sacs qu'elle tenait. - Tu pouvais pas faire plus attention crétin. . Mandy releva alors la tête et s'apperçut qu'en réalité ce "crétin" n'était autre que Louis. - Ah, salut. Depuis cette fameuse nuit, elle faisait tout pour l'éviter. Peut-être que le blond s'en souvenait que vaguement mais ce n'était pas son cas. « Qu'est-ce que t'as acheté de beau?» - Des Bulles Baveuses, des suçacides, des bonbons explosifs, des dragées surprises de Bertie Crochue.. Je crois que c'est tout. Fallait sérieusement refaire le plein de la salle commune, fit-elle avec un sourire. - Et toi qu'est-ce que tu fiches ici ? Tu n'aurais pas des BUSE à réviser par hasard ?

« Je te retourne la question, tu ne révises pas toi? » - Je révise depuis des semaines , s'était-elle contenté de répondre. Ils s'étaient faufilés dans la plus grande rue commerçante sorcière de Londres, pouvant enfin respirer un peu. Ils se retrouvaient submergés sous une masse de piétons. Là où ils étaient, elle pouvait plus facilement se noyer dans la masse. Et alors que ses talons haut foulaient les pavés du Chemin de Traverse, elle se rendait compte que ça faisait vraiment longtemps qu'elle ne s’y était pas rendue. La serdaigle s’était glissée dans la librairie, suivit de Louis, en quête des dernières nouveautés, et surtout, de manuels traitant de médicomagie. Elle en avait besoin pour s'informer. Et déjà, elle était impatiente à l’idée d’ouvrir ces livres neufs, de s’abreuver de la connaissance qu’ils lui proposaient. Il fallait bien s’instruire, et honorer un tant soit peu Rowena.

Quand elle se fit bousculée une énième fois, elle adressa un regard noir au passant, même armée de sa sagesse de Serdaigle. Sa supposée sagesse qui, entre temps, s’était fait la malle, et, dans l’hypothèse où il en resterait, celle-ci se retrouverait considérablement réduite, voire même enfouie . Alors qu'ils regagnaient la rue principale, le blond décida de rompre le silence qui devenait quelque peu pesant.« Je peux savoir pourquoi tu m'évites? » Son sourcil s’arqua davantage suite à cette question pour le moins innatendue. -Pardon ? s'enquit-elle, comme pour s’assurer qu'elle avait bien compris. Mais oui, elle avait bien compris, ce n’était pas le sujet. Pourtant, elle était déstabilisée, et pas qu’un peu. Ses doigts trituraient nerveusement ses livres, et la question, la mettait mal à l’aise. Horriblement mal à l’aise. -Je vois pas de quoi tu veux parler.Elle ne comprenait pas. Vraiment pas. Pourquoi maintenant, alors qu’il en avait eu l’occasion tant de fois auparavant? - Tu veux pas en parler.. ailleurs ? Les trois balais, ça fera l'affaire. En discuter autour d'un verre? Proposition absurde. Comme si le blondinet passait son temps à se saouler.

Elle avait tendance a bien souvent oublié que les garçons de cet âge étaient pour la plupart de temps incompréhensible. Chose qui malheureusement ne s’arrangeait pas avec le temps. C’est donc en masquant sa gêne que la jeune fille prit le chemin du pub, tout en essayant de maintenir un semblant de conversation avec le blond ; même s’il fallait reconnaître que les discussions qui n’allaient nul part n’étaient vraiment pas son point fort. Heureusement pour elle, le chemin était relativement court. Cinq minutes plus tard, elle poussait effectivement la porte des Trois Balais pour dévoiler une salle vrombissante. Rosmerta pouvait être sure de quintupler son chiffre d’affaire chaque weekend. Lentement, elle se fraya un chemin jusqu’au bar ou elle commanda une bière-au-beurre. Elle avait besoin de quelque chose de plus fort, mais malheureusement pour elle, elle ne pouvait pas.

Quelques secondes plus tard, quand elle s’amusa à regarder autours d’elle, ses yeux s’attardèrent sur une table en retrait. La blonde suivit Louis et s'installa sur la chaise en face de lui. Jusqu'à présent l'ambiance était plutôt tendue, mais elle avait une vague idée de la raison qui se cachait derrière le mutisme du Serdaigle et manqua de s'étouffer quand il prit la parole. « - Tu sais très bien de quoi je parle. Je sais pas ce que tu penses de tout ça mais pour moi personnellement coucher avec quelqu'un c'est pas quelque chose d’anodin, en plus c'était la première fois que...bref tu as compris » - Justement c'est bien ça le problème. C'était ta première fois et on ne fait pas ça avec le ou la première venue. La bleu & bronze sirota sa boisson puis reposa son verre avant de reprendre la parole. - En plus on était complétement saoul. Et maintenant figures toi que je regrette. fit-elle de but en blanc. - Faut pas croire que pour moi c'est anodin et encore moins quand c'est avec un ami. Bref, ce qui est fait est fait.

Assise face à Louis, Mandy buvait gentiment son verre grassement offert par le blond. « - Justement, on est amis et j'aimerais bien que ça reste comme ça. Si tu veux on peut faire comme si rien ne s'était passé, ou éviter d'en parler. De de toute façon ça ne voulait rien dire! » Elle avait un tant soit peu d’amour propre et énormément de fierté. Elle ne se considérait pas comme étant volage. Loin d'elle l’idée d’être prétentieuse, seulement coucher avec quelqu'un n’est pas quelque chose d’anodin.Faire ça, comme ça, elle trouvait cela plutôt vulgaire. Regardant le contenue de son verre depuis un moment, la serdaigle portait celui-ci à ses lèvres avant d’en boire une gorgée. Puis le reposa et se mit à fixer le miroir en face d'elle qui se trouvait derrière le comptoir, sur le mur derrière toutes les bouteilles. Elle se mit alors à scruter son reflet pendant quelques minutes. Jusqu'à avoir la désagréable impression que la contemplation de son reflet devenait de plus en plus "étouffante".
«La prochaine fois qu'on sera à une fête j'éviterais de trop te coller, histoire que ça ne recommence pas» La jeune fille releva la tête et arqua un sourcil. Elle ne mettrait pas les pieds à une soirée de si tôt et étant donné que l'année se terminait, il était souhaitable pour elle de réviser. Il n'y avait peut-être pas les BUSE mais l'année suivante serait celle des ASPIC. - Pas besoin d'attendre une fête, fit-elle avec un clin d'oeil. Vu la tête de Louis, il ne devait pas avoir saisit qu'elle plaisantait. - - C'était une blague, fais pas cette tête. On dirait que tu viens de voir Rusard.

Elle ne sentait plus la limite entre la fine peau de ses doigts et le toucher lisse du bois. Le verre claqua lorsqu’elle le reposa, les dernières gouttes de la boisson rebelles léchant ses parois. Lorsqu’un fessier importun vint réquisitionner la chaise d’à côté, la bleu & bronze se racla la gorge . James était proprement grossier, les traits exagérés par l’ébriété, grattés par une concentration qui froissait ses sourcils alors qu’il lança un sourire à Mandy. Celle-ci l’entendait chercher les mots s’entrechoquant dans son crâne, et le faisait chanceler alors même qu’il vint de poser son coude conquérant sur la table, moitié affalé en sa direction. La demoiselle lui jetta brièvement un œil, puis fixait son regard quelque part entre la table et la chair du jeune homme, haussant un sourcil trahissant des sentiments qu’elle ne montrait pourtant que rarement, ou du moins toujours de façon distante et froide, comme en cet instant. Instant qui la voyait excéder par le comportement du gryffondor. -- C'est pas comme si tu dérangeais James, dit-elle en se levant. La blonde déposa quelques mornilles avant d'ajouter; - On sort d'ici Louis ?

Une fois à l'extérieur, Mandy s'appuya contre le mur des Trois balais. James était complétement saoul et elle n'irait pas l'aider. Moins elle le voyait et moins elle se posait de questions. «Il se passe quelque chose entre toi et James? Désolé, c'est peut-être pas mes affaires.» La serdaigle aurait très bien pu lui répondre qu'effectivement, ce n'était pas ses affaires mais elle ne trouva rien à redire. Elle était plus préoccupée à trouver une réponse qui conviendrait à Louis. Quand un groupe de Gryffondor passa devant eux, l'une des filles lui adressa un large sourire qu’elle lui rendit. Elle ne pouvait pas la voir, elle ne l’aimait mais alors pas du tout. Par contre, elle ne le montrait jamais. Elle avait le don de cacher ses vraies pensées, surtout pour ce qui était de ce qu’elle pensait des autres. Elle pouvait détester une personne, mais lui montrait tellement de l’affection qu’elle ne s’en rendrait pas compte.

La jolie blonde s'appuya un peu plus contre le mur et se décida enfin à prendre la parole. - C'est un ami, rien d'autre fit-elle sans trop de conviction. L'ainé des Potter était bien plus qu'un simple ami. Ils se connaissaient depuis leur entrée à Poudlard et ils avaient franchit à plusieurs reprises les limites d'une simple amitié. Cela faisait donc plusieurs semaines que la bleu & bronze se questionnait et ses supposées "amies" ne l'aidait pas. Alors elle l'évitait, se disant que ça lui faciliterait la tâche. Malheureusement pour elle, ça avait eu l'effet inverse. Et puis il y avait Helena et Mandy savait pertinemment que James n'allait pas lâcher l'affaire aussi facilement. - En fait j'en sais rien, reprit la jeune fille pensive. - Parce que je l'aime beaucoup mais de là à dire que.. Et puis laisses tomber. Elle sortit ensuite un paquet de dragées surprises avant d'en porter une à sa bouche. De tous les goûts possibles et inimaginables qui existaient, celui-ci était probablement le pire.

«- Que...? Bon je sais que je suis pas un expert pour les relations - amicales tout comme amoureuses - soit dit en passant, mais on pourrait en parler, si tu veux. Entre amis c'est ce qui se fait.» - De là à dire que je suis amoureuse de lui. Répondit-elle la bouche pleine de friandises. - On se voit plus tard. J'ai un parchemin à terminer, prétexta-t'-elle. Mandy l'enlaça puis se demanda si son geste n'avait pas été déplacé mais après tout, ça se faisait entre amis, non ? La jolie blonde l'embrassa sur la joue avant de repartir en direction de Poudlard. Même si elle appréciait le blond, elle ne préférait pas s'étendre sur le sujet.

La nuit tombait peu à peu sur Pré-au-Lard, en même temps que les gouttes de pluie. Alors qu'elle déambulait les ruelles du village en affrontant tant bien que mal l'averse, elle arpentait le milieu sombre qui se dessinait devant elle. En fin de compte, elle était restée à Pré-au-lard plus longtemps que prévu... puis lorsque après un dilemme cornélien dans le choix de nouvelles plumes elle avait trouvé ce qu'il lui fallait, elle avait quitté la boutique et s'était dirigée vers un dédale de ruelles qui s'était présenté. Animée par la curiosité, elle avait décidé d'aller jeter un oeil à ces bâtisses, peut-être y aurait-il là-bas un commerce intéressant... seulement, elle ne s'était rendue compte qu'un peu tard que l'endroit ne semblait pas des plus fréquentables. Et visiblement, elle paraissait s'être enfoncée trop loin dans ce labyrinthe pour rebrousser chemin... qui plus était, il commençait réellement à faire sombre, et la pluie n'avait pas arrangé sa condition. Alors qu'elle frémissait au contact de l'eau qui se déversait sur elle, la bleu & bronze sentait la nervosité la gagner. Elle ne s'était jamais aventurée dans ce coin, et quelque part elle savait qu'elle aurait du se garder de suivre son instinct. Voilà qu'elle se retrouvait égarée au beau milieu de nulle-part, s'enfonçant à chaque pas dans cette ruelle et à chaque coin de rue, elle imaginait une créature en sortir, ce qui avait le don de l'effrayer d'autant plus et de la rendre encore plus paranoïaque qu'à l'ordinaire. Après un moment elle se décida tout de même à rebrousser chemin, elle ne comptait pas rester ici plus longtemps.